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Les echos entrepreneurs

OPHÉLIE COLAS DES FRANCS 

 

La cordonnerie familiale marseillaise Valverde s’est lancée sur internet pour élargir sa zone de chalandise à la France toute entière. Le démarrage est plus long que prévu mais les ventes en ligne décollent.

Tout commence comme un roman de Marcel Pagnol. Dans le quartier de Saint-Loup, petit village du 10e arrondissement de Marseille (13), en 1945, Jean Valverde ouvre une cordonnerie en duo avec son épouse Françoise. Deux générations plus tard, la boutique est toujours là. Mais elle peine à tourner.

Quand Hervé, fils de Jean, prend sa retraite, en 2017, le petit-fils Sébastien, ne peut se résoudre à baisser le rideau. « Les anciens clients sollicitaient toujours mon père. La demande était toujours là », témoigne-t-il. Mais l’activité n’était plus rentable. « Une cordonnerie aujourd’hui ne peut plus vivre d’une clientèle de quartier, sauf à être implantée en plein coeur de Paris », constate Sébastien Valverde.

25.000 euros d’investissement

La solution ? Elargir la zone de chalandise de Saint-Loup… à la France entière. Le dernier représentant de la lignée propose à sa famille de relancer l’activité en créant une plateforme marchande. Son père se montre sceptique mais accepte de tenter l’aventure. Sa soeur, Aurélie, s’embarque elle aussi dans le projet. « La cordonnerie, c’est un peu comme le pressing : une corvée. Y aller prend du temps, y retourner aussi… », affirme-t-il.

En 2019, le site moncordonnier.com est lancé. Un investissement global de 25.000 euros pour l’entreprise. Les clients peuvent envoyer des photos pour recevoir un devis gratuit, puis expédier l’article par colis. Le retour se fait tout aussi simplement, et le paiement par lien dans un mail.

« Pour nous faire connaître, nous avons misé sur le référencent du site, sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Youtube), mais aussi sur les partenariats avec des marques de chaussures ». Des classiques français mais aussi des marques étrangères. Moncordonnier.com est ainsi référencé comme réparateur pour Paraboot, ce qui lui a valu de recevoir une paire à réparer pour le compte d’un client new-yorkais. Il compte aussi la marque allemande de chaussures de randonnée Meindl.

Lancer une marque de maroquinerie

En 2019, quelques mois avant la crise sanitaire , moncordonnier.com a déménagé à Aubagne, dans un atelier de 130 m² en vue de sa croissance. Un nouvel investissement de 200.000 euros. Arrive 2020. Confinements, couvre-feu, restrictions de déplacement, une aubaine pour la nouvelle plateforme ?

Le business décolle mais pas à la hauteur des espérances de l’entrepreneur. « Il est difficile de savoir quels auraient été nos résultats sans la covid mais je pense que l’épidémie nous pénalise car le besoin en cordonnerie a diminué. » Report des mariages et baptêmes, annulation des fêtes d’entreprises et des salons professionnels, d’après Sébastien Valverde, les Français en télétravail ont troqué les chaussures contre des pantoufles. « J’en veux pour preuve le rattrapage enregistré en octobre et novembre derniers. »

Malgré ces coups d’arrêt, l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires en 2021 par rapport à 2020. L’e-commerce, qui croît chaque mois de 10 %, représente aujourd’hui 30 % de ses ventes. Insuffisant, cependant, pour faire tourner à plein l’atelier d’Aubagne qui pourrait employer dix cordonniers contre trois actuellement.

Sébastien Valverde est pugnace. Il s’apprête à lancer sa propre marque de maroquinerie, Les bartavelles de Marcel Pagnol. « Nous allons fabriquer des articles haut de gamme liés à l’univers de l’écrivain : gibecières, étuis à fusil et à stylo, triplettes de boules, cartouchière, sacs à champignon… » Parallèlement, il prépare une levée de fonds pour financer le lancement de cette nouvelle marque.

 

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